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le DOJO KUN

Le Dojo Kun est un code moral de conduite et compréhension de la pratique martiale lorsque l’on entre dans un dojo. Il est affiché et récité dans de nombreux dojo d’Asie et au sein de la branche Kase-Ha sud-Américaine et Russe. Aucun dojo français n’aborde cette tradition. A Mouroux, nous considérons qu’il est important de se sensibiliser aux notions traditionnelles et historiques du Karaté, ainsi qu’a la compréhension du but de notre pratique martiale.  

一、人格完成に努むること     hitotsu, jinkaku kansei ni tsutomuru koto

一、誠の道を守ること     hitotsu, makoto no michi wo mamoru koto

一、努力の精神を養うこと     hitotsu, doryōku no seishin wo yashinau koto

一、礼儀を重んずること     hitotsu, reigi wo omonzuru koto

一、血気の勇を戒むること     hitotsu, kekki no yū wo imashimuru koto

Retrouvez la signification de chaque précepte dans les vidéos ci-dessous :

les 20 préceptes du Karaté Do

Ces préceptes écrits par Me Funakoshi expliquent clairement la façon de voir et pratiquer cet art martial.

Ils se nomment : NiJu Kun

1. Karate Do wa rei ni hajimari, rei ni owaru koto wo wasuru na

 

Karate Do : la voie du Karate
rei : respect, salutation, salut, gratitude
hajimari : début
owaru : finir
koto : chose
wasuru na : n'oubliez pas

 

Règle 1. N'oubliez pas que le Karate Dō commence et se termine dans le respect

Sans la pratique de la politesse et du respect, il n'y a pas de progression possible sur la Voie. Le respect de l'étiquette, symboliquement marqué par le salut (Rei), crée l'harmonie en soi et autour de soi. On peut lire dans les livres  de la série Best Karaté écrits par M. Nakayama, que Funakoshi rappelait souvent à ses étudiants que ''sans courtoisie, l'esprit du Karate Do n'existe pas''. Okinawa est considéré comme le pays ou toutes les formes d'étiquettes sont le plus strictement respectées. La fameuse porte frontale du Château de Shuri est appelée Shurei-no-Mon, la porte de la courtoisie. "Le karateka, et l'être humain en général, doit cultiver la courtoisie et lui accorder plus d'importance qu'à la puissance et la technique. J'ai remarqué que les étudiants sérieux se sentent toujours concerné par autrui. Ils font également preuve de la ténacité nécessaire à l'étude du karaté à long terme." Gichin Funakoshi.

"La notion de respect envers ses partenaires d'entraînement est primordiale. Il est important d'être poli pendant l'entraînement avec un partenaire, de ne pas être arrogant ,ou se croire supérieur. Cependant, la politesse et le respect ne doivent pas  être limités aux quatre murs du dojo. À la maison, on écoute ses parents. Au travail, nous n'allons pas à l'encontre de l'avis de nos supérieurs. À l'école, on porte attention aux paroles des professeurs." Gichin Funakoshi

 

 

2. Karate ni sente nashi

 

Karate : main vide
sente : le premier geste, le premier mouvement, l'initiative
nashi : n'existe pas, n'est pas là

 

Règle 2. En Karate on ne prend pas l'initiative de l'attaque.

Ce précepte  est sans aucun doute l' un des plus célèbre. Il a été gravé sur la pierre de son mémorial élevé au temple Enkakuji de Kamakura. Le karaté ne doit servir en aucun cas à attaquer. Ici, Funakoshi ne parle pas de la voie du Karate . Au lieu de cela, il se réfère à lui simplement en tant que technique. Ici, le mot attaque est absent...

Cette sentence résume toute l’attitude qui doit être à la base de la pratique du karaté, et des arts martiaux en général. Le premier mouvement, et même si de l’extérieur il peut être perçu comme une initiative d’attaque, doit être conçu comme une défense. Le karatéka ne doit pas manifester d'agressivité, et la réponse qu’il peut être amené à donner lorsqu’une confrontation est inévitable ne saurait être qu’une défense, suivie d’une riposte contrôlée sans agressivité et violence en fonction de l’agression.  Singulièrement, tous les katas Shotokan commencent par une technique défensive. Cette volonté de ne pas commencer le combat, la sérénité et l’harmonie qu’elle sous-entend, doit être présente au Dojo comme dans toutes les choses de la vie.

Un témoignage de Taiji Kase; Mon conseil pour les pratiquants de karaté do est très simple: il faut bien faire attention à ce qu'a dit Gichin Funakoshi “Karate Ni Sente Nashi”. Il faut comprendre ce concept de manière très profonde. Aussi bien au niveau mental qu'au niveau technique. Il faut faire en sorte que l'agresseur possible comprenne mentalement qu'il vaut mieux pour lui ne pas attaquer, qu'il le sente et qu'il l'accepte. C'est là le véritable sens de la maxime “Karate Ni Sente Nashi”: que l'adversaire renonce à sa première attaque et qu'ainsi l'agression ne se produise pas.

Un enseignement fondamental au cœur du Bushido, dictait de ne jamais tirer son sabre sur un coup de tête. Karate ni sen te nashi est une extension de ce principe de base selon lequel il ne faut pas sortir son arme au moindre prétexte. Elle souligne la nécessité absolue de faire montre de patience et de retenue. Mais si la confrontation devient inévitable, alors le pratiquant doit se lancer corps et âme dans la confrontation.

 

 

3. Karate wa gi no tasuke

 

Karate : main vide
gi : justice, droiture, loyauté, fidélité, signification, sens
tasuke : aide, secours, délivrance

Règle 3. Le Karate est l'aide de la justice.

Le karaté est un instrument de justice; la pratique de cet art doit développer un esprit ayant une vision juste des choses de la vie et aussi, s'il y a lieu, rendre possible d'intervenir physiquement pour une cause légitime. Pour Funakoshi, le Karate Do vise le perfectionnement tant de l'esprit que du corps. "Respectez les règles de la morale dans votre vie quotidienne, en public comme en privé. Personne ne peut atteindre la perfection en Karate sans avoir compris qu'il s'agit par dessus tout d'une foi, d'une voie. Le karatéka en offrant son aide et en acceptant celle des autres apprend à donner à l'Art la dimension d'une foi." Gichin Funakoshi

 

 

4. Mazu jiko wo shire, shikashite ta wo shire

 

mazu : premièrement, tout d'abord
jiko : soi-même
shire : connaître, savoir
shikashite : et, aussi, alors, puis
ta : les autres

Règle 4. Avant tout connais-toi, ensuite connais les autres.  

Il faut connaître ses forces et ses faiblesse, ne pas être complaisant envers soi. Ensuite seulement porter un regard, une appréciation, une évaluation sur l'autre. Cette vérité simple est connue depuis longtemps ; la devise inscrite au fronton du temple de Delphes implique que la maîtrise la conscience détermine la qualité de la vie. Aristote en parlait comme une vigoureuse activité de l'âme. Presque chaque humaniste célèbre, de Ghandi à Jésus Christ a exalté les hommes à mieux se comprendre afin de comprendre le monde autour d'eux. Connaître les autres, c'est la sagesse; se connaître soi-même , c'est la sagesse supérieure. Lao-Tseu

Azato, le premier professeur de Funakoshi, avait l'habitude de dire ; "Connaître son ennemi et se connaître soi-même : c'est le secret de la stratégie ". À force de pratique le karatéka connaît ses techniques favorites ainsi que ses propres faiblesses, en combat il doit connaître ses propres points forts mais aussi ceux de son adversaire.

Selon un vieux conte japonais, un jour un Samouraï belliqueux somma un maître zen de lui expliquer ce qu'étaient le paradis et l'enfer. Le moine lui répondit avec mépris:Tu n'est qu'un rustre, je n'ai pas de temps à perdre avec des gens de ton espèce. Se sentant insulté, le samouraï devint furieux et, tirant son épée, cria: Je pourrais te tuer pour ton impertinence. Voilà ce qu'est l'enfer, répliqua le moine calmement. Surpris par la vérité de ses paroles, le Samouraï se calma, rengaina son sabre, salua le maître et le remercia de l'avoir éclairé. Et voilà le paradis rajouta celui-ci. Cette histoire montre qu'il est bien différent de se laisser emporter par ses émotions et le fait d'en être conscient. La première partie "Connais-toi toi-même" nous vient de Socrate et nous rappelle qu'il faut être conscient de ses émotions au fur et à mesure de leur apparition. Reconnaître que l'on est en colère; c'est déjà vouloir ne plus l'être.

 

 

5. Gijutsu yori shinjutsu

 

Gijutsu : technologie, technique, habileté, art, compétence
yori : plus que
shinjutsu : spiritualité

Règle 5. L'esprit avant la technique. 

Funakoshi avait beaucoup développé sa  spiritualité, et était aussi très pacifique dans son enseignement du Karate. Ses détracteurs disaient qu' il enseignait un karaté doux. Funakoshi voulait focaliser l'attention de ses élèves sur ce qu'était " l'esprit d'une technique", l'essentiel du message qu'il avait amené d'Okinawa: une philosophie et une règle de vie, une Voie d'existence et de perfection de l'homme en quête de lui-même. L'ascension de la classe militaire au Japon, dont l'objectif était de former des guerriers, altéra considérablement le message de Funakoshi, cet homme imprégné des préceptes du Confucianisme chinois que lui avait enseigné de son grand-père à Okinawa.

 "Le Karate-Dō vise le perfectionnement tant de l'esprit que du corps et les louanges des seules prouesses physiques doivent être bannies. Comme le saint bouddhiste Nichirien l'a dit si justement, on n'étudie pas les sutras en les lisant seulement avec les yeux mais aussi avec l'âme. Celui dont l'esprit et la force mentale se sont endurcis en adoptant une attitude ou il n'est nulle question de renoncer, ne rencontrera aucune épreuve qu'il ne saura surmonter." Gichin Funakoshi

 

 

6. Kokoro wa hanatan koto wo yosu

 

Kokoro : coeur, esprit, noyau
hanatan : séparer, laisser la liberté, relâcher, laisser aller
koto : chose, substance
yosu : nécessite, demande, exige

Règle 6. Il est nécessaire de libérer son esprit. 

Dans son livre "Karate-dō Kyōhan", Maître Funakoshi écrit: "De même que le miroir est clair et reflète une image sans distorsion, ou la vallée tranquille qui renvoie l'écho d'un son, ainsi doit un débutant se libérer de ses pensées égoïstes et mauvaises, car c'est seulement avec un esprit clair et la conscience pure qu'il peut comprendre ce qu'il apprend". Contrôler son propre esprit , son ego, ses pulsions, ses peurs.

Mizo No Kokuro. L'esprit comme l'eau. Ceci se rapporte à l'attitude mentale tout en faisant face à un adversaire réel. Il se rapporte au besoin de faire le calme d'esprit, comme la surface de l' eau calme. L'eau lisse reflète exactement l'image de tous les objets, et si l'esprit est maintenu calme, la compréhension des mouvements d'adversaires, psychologiques et physiques, sera immédiate et précise, et ses réponses défensives et offensives seront appropriées et proportionnées.D'autre part, si la surface de l'eau est dérangée, les images qu'elle se reflète seront tordues. En d'autres termes, si l'esprit est préoccupé avec des pensées d'attaque et de défense elle ne comprendra pas correctement les intentions de l'adversaire créant une occasion pour que l'adversaire attaque.

La base de la progression en arts martial est de contrôler son esprit, ses pulsions, son ego. Bruce Lee nous résume bien cette pensée avec une de ses citations: Le but des arts martiaux sont en fin de compte la connaissance de soi. Un coup de poing ou un coup de pied ne doivent pas mettre un adversaire K.O., mais tuer vos craintes, votre ego,  ou vos complexes.

 


7. Wazawai wa getai no shozu

 

Wazawai : malheur, infortune
getai/kaitai : paresseux, négligent
shozu : produit, provoque, survient

Règle 7. Le malheur provient de la négligence.  

"La vie ressemble souvent à un match à couteaux tirés. Avec une attitude tiède face à la vie,qui vous fait supposer qu'après un échec il existe toujours une deuxième chance, qu'espérez-vous accomplir l'espace d'une vie, qui souvent ne compte guère plus de cinquante années ?" Gichin Funakoshi. La vigilance, le zanchin, est primordial dans toutes les circonstances de la vie quotidienne. Beaucoup d'accidents sont imputables à la négligence, à la paresse, au manque d'effort. Le moindre relâchement de l'attention lors d'un combat, peut réduire à néant les efforts de préparation et de recherche effectuées au préalable. La paresse, la négligence prend parfois des formes insoupçonnées, qui n'ont rien à voir avec le nombre d'heures passées au travail ou à l'entraînement. La principale forme est la peur. La peur du changement, la peur de perdre ce que nous avons si nous nous aventurons ailleurs. S' améliorer comme être humain, évoluer, demande du courage et des efforts que peu de gens sont prêts à faire.

 

 

8. Dojo nomino Karate to omou na

 

dojo : place, salle d'entraînement
nomi : seulement
karate : main vide
omou na : ne pensez pas

Règle 8. Ne croit pas que le Karate n'a lieu qu'au Dojo.

La voie, la pratique intérieure et l'importance d'un bon comportement dans tous les actes de la vie quotidienne. Pratiquer ne concerne pas seulement la technique. Ce principe se retrouve dans l'ensemble des arts martiaux pratiqués en tant que voie. Le Budo, répètent les Maîtres, ne se pratique pas qu’au Dojo. Il constitue un art de vivre qui s’expérimente à chaque instant. Le véritable Dojo, ajoutent ils, est celui que le disciple doit se bâtir dans son coeur, au plus profond de lui même.  Cette préoccupation fait la différence entre un pratiquant de Karaté Do et un pratiquant de sport de combat attaché aux résultats superficiels. Le combat libre ou de compétition, donne l' occasion au participant d' utiliser ses capacités en vue d'affronter le défi posé par les capacités de son opposant. Le mot *compétition* vient du latin cum petire; essayer ensemble. Chaque personne essaie d'actualiser son potentiel et cette tâche est facilité parce que chaque adversaire force l'autre à faire de son mieux.  Ainsi la compétition de par son entraînement spécifique, peut faire progresser le karatéka, car la compétition est un test d'efficacité qui permet aux compétiteurs de prendre conscience de leurs faiblesses, et ainsi de se remettre en cause. La compétition améliore la qualité de l'expérience lorsque l'attention porte sur l'activité elle-même; lorsque le participant vise des buts extrinsèques, l'emporter sur l'autre, impressionner les spectateurs, gagner une médaille, au lieu de se centrer sur ce qui se passe, la compétition devient une distraction, un spectacle qui nuit à l'expérience optimale.

Le Bouddhisme enseigne que le monde entier est un dojo. Funakoshi a écrit dans Karate-Dō Nyūmon;"Considérez la vie de tous les jours comme faisant partie intégrante de votre entraînement de karate. Ne croyez pas que que le karate n'existe qu'au sein du dojo, ou qu'il ne doit être considéré comme une méthode de combat. L'esprit de la pratique du karate et les éléments constitutifs de l'entraînement sont applicables à chacun et à tous les aspects de la vie quotidienne. Celui dont l'esprit et la force mentale se sont endurcis en adoptant une attitude ou il n'est nulle question de renoncer, ne rencontrera aucune épreuve qu'il ne saurs surmonter." Gichin Funakoshi

 

 

9. Karate no shugyo wa issho de aru

 

karate : main vide
shugyo : formation, instruction
issho : vie entière, existence
de aru : pour être

 

Règle 9. L'apprentissage du Karate dure une vie entière.

Après quelques années de pratique, Funakoshi remarqua que sa santé s'était grandement améliorée, et c'est à cette période qu'il commença à considérer la pratique du Karate comme un art de vivre. L'apprentissage d'un art martial, tout comme l'art du bonsaï, n'est jamais terminé, parce que l'homme tout comme la plante se modifie sans cesse, parce qu'ils vivent ! Il faut toujours garder à en tête que Funakoshi ne parle pas uniquement de techniques, mais aussi de développement de la personne. Si vous demandez à un maître Zen combien de temps il vous faudra pour devenir zazen (harmonie avec l'univers), il vous répondra probablement; jusqu'à votre mort... L'école bouddhiste Zen et les arts martiaux ne sont pas des choses que vous faîtes ou vous apprenez, ils sont ce que vous êtes.

Voici un passage du Hagakure qui illustre très bien ce précepte: C'est pourquoi un Samouraï doit connaître ses faiblesses et passer sa vie à les corriger sans jamais avoir le sentiment d'en faire suffisamment. Il ne doit naturellement jamais être trop confiant mais il ne doit pas non plus se sentir inférieur. Yagyu, le maître de la Voie du Sabre, auprès du Shogun Tokugawa disait : « je ne sais pas comment surpasser les autres. Tout ce que je sais, c'est comment me surpasser ». Il se disait: « Je suis aujourd'hui meilleur qu'hier, demain je serai encore supérieur ».Un vrai Samouraï consacre tout son temps au perfectionnement de lui-même. C'est pourquoi, l'entraînement doit être un processus sans fin.

 

 

10. Arai yuru mono wo Karate ka seyo soki ni myo mi ari

 

arai yuru : tous, chaque
mono : chose(s), substance
karate : main vide
ka seyo : transformez en, transformez (commande)
soki : là (pas trop loin)
myo mi : charme, beauté exquise

 

Règle 10. Le Karate est présent dans tout ce que vous faites, là est sa beauté intrinsèque. 

Un coup, de poing ou de pied, asséné ou encaissé, peut signifier vie ou mort. Telle est la doctrine au cœur du Karate Dô. Si chaque domaine de la vie est abordé avec un tel sérieux, épreuves et difficultés peuvent être dépassés. Si un pratiquant affronte chaque difficulté en ayant le sentiment que sa vie entière est en jeu, il réalisera l'ampleur de ses propres capacités.

Relie ta vie de tous les jours au karaté et tu découvriras Myo, la lumière de l'esprit. Considérez la vie de tous les jours comme faisant partie intégrante de votre entraînement de karaté. Une tâche difficile, un examen éprouvant, une épreuve de la vie sont tous des occasions d'apprendre et grandir. Ce principe rejoint la règle 8; Ne croit pas que le Karate n'est qu'au Dojo.

 

 

11. Karate wa yu no goto shi taezu netsudo wo atae zareba moto no mizu ni kaeru

 

karate : main vide
yu : eau chaude
gotoshi : comme, comme si
taezu : toujours, continuellement, sans interruption, incessamment
netsudo : degré de chaleur/enthousiasme
atae zareba : à moins que vous donniez
moto : origine, état précédent
mizu : eau
kaeru : retour

 

Règle 11. Le Karate est comme l'eau chaude, si vous ne lui apportez pas de la chaleur constante, elle refroidira.

La persévérance est la base de l'apprentissage... Continuez, ou arrêtez. Cependant si vous arrêtez, la reprise de l'entraînement sera difficile, et devra se faire d'une façon progressive et intelligente pour éviter les blessures. L'intégration d'un aspect du karaté parmi d'autres, ou une pratique irrégulière et insuffisante Seule une pratique régulière et assidue récompensera votre corps et votre esprit des fruits de la Voie.

 

L'apprentissage par la pratique revient à pousser une charrette vers le sommet d'une colline: Cessez de pousser et tous vos efforts auront été vains. (Proverbe japonais)

 

 

12. Katsu kangae wa motsu na makenu kangae wa hitsuyo

katsu : pour gagner
kangae : une pensée
motsu na : n'ont pas (commande)
makenu : ne pas perdre
hitsuyo : requis

Règle 12. Ne pense pas que tu dois gagner, mais plutôt que tu ne dois pas perdre.

C'est une citation qui porte à réfléchir. La plupart des textes martiaux d'arts disent que vous devriez avoir l'esprit vide de pensées. Mais ce point du Niju Kun n'indique pas cela. Il indique clairement que vous devriez penser, et ce que vous devriez penser à ne pas perdre. Plutôt que d'imaginer que vous gagnez vos matchs, et amenant alors de l'anxiété et la préoccupation du succès, pensez seulement à ne pas perdre, et évitez l'appréhension, la crainte de la perte, et l'anticipation du succès. Tout combat doit être mené avec un esprit défensif, et non agressif.

Un des Shoguns Tokugawa a dit; savoir uniquement comment décrocher la victoire sans savoir comment perdre revient à se mettre soi-même en situation de défaite. L'attitude mentale obsédée par la victoire nourrit nécessairement un optimiste excessif qui, à son tour, nourrit impatience et irritabilité. La meilleure attitude consiste à se résoudre fermement à ne pas perdre, quel que soit l'adversaire, en prenant conscience de nos propres forces et en faisant preuve de conviction inébranlable le tout en adoptant une attitude conciliante dans la mesure du possible.

 

 

13. Teki ni yotte tenka seyo

Teki : ennemi, rival, concurrent, adversaire
ni yotte : selon
tenka seyo : changement

Règle 13. Transformez-vous selon votre adversaire.  

Face à l'adversaire, adapte sans cesse ta défense. Tsuki No Kokuro. L'esprit comme la lune. Ceci se rapporte à la nécessité de se rendre constamment compte de la totalité de l'adversaire et de ses mouvements, juste comme des éclats de clair de lune également sur tout dans sa marge. Ceci signifie qu'on devrait observer l'adversaire globalement. Avec le développement complet de cette attitude, la conscience se rendra immédiatement compte de toutes les ouvertures dans les défenses de l'adversaire.
Des nuages bloquant la lumière de la lune sont comparés à l'énervement ou aux distractions. Ces distractions arrêtent la lumière de briller sur tout. De même, elles rendent la compréhension et la réaction aux mouvements de l'adversaire plus difficiles qu'elles doivent être.

 

 

14. Tattakai wa kyo-jitsu no soju ikan ni ari

 

tattakai : combat, guerre
kyo jitsu : vérité ou mensonge, combat intelligent, essayant chaque stratégie
soju : contrôle, pilote
ikan : quoi, comment

 

Règle 14. Le secret du combat réside dans l'art de le diriger.

Les préceptes treize et quatorze évoquent l'attitude mentale à suivre en combat. Un combattant doit pouvoir et savoir s'adapter à son adversaire; il évite les points forts de l'ennemi pour le frapper là où il est vulnérable. Il doit éviter d'utiliser n'importe quelle technique. Azato disait;"Il ne faut pas se laisser intimider, mais garder la tête froide pour chercher l'inévitable faille de la garde. La victoire est alors à votre portée." Votre adversaire ne devrait pas vous faire changer. Vous devriez apprendre à commander et manoeuvrer votre adversaire. Incitez le à faire ce que vous voulez. Le combat se décide d'après les capacités à distinguer Kyo ( l'ouverture) de Jitsu ( protégé). Il ne faut pas utiliser n'importe quelle technique, mais savoir analyser la situation et la gérer intelligemment.

Si l'esprit est comparé au haut-parleur d'un téléphone, alors la volonté est comme le courant électrique. Peu importe la sensibilité du haut-parleur, s'il n'y a aucun courant électrique, aucune communication n'a lieu. De même, même si vous comprenez correctement les mouvements de votre adversaire, et vous vous rendez compte d'une ouverture, si la volonté pour agir manque, il n'en résultera aucune technique efficace. L'esprit peut trouver une ouverture, mais la volonté doit être activée afin d'exécuter la technique appropriée.

 

 

16. Hito no te ashi wo ken to omoe

 

hito : les gens
te ashi : bras et jambes
ken : épée, sabre
to omoe : pensez

 

Règle 15. Pensez aux bras et aux jambes des gens comme des sabres. 

Nos bras et nos jambes sont comme des épées... ceux de l'adversaire aussi ! Funakoshi demande de considérer le karate comme un art martial à part entière qui doit être pratiqué avec le plus grand sérieux; "Cela implique de dépasser les simples notions d'application et de sincérité dans l'entraînement. Pour chaque déplacement, chaque mouvement de main, vous devez imaginer que vous affrontez un ennemi armé d'un sabre à la lame tranchante."  Funakoshi raconte que son professeur Yasutsune Azato avait déjà affronté à main nue Kanna Yasumori, un maître de sabre d'Okinawa et a gagné l' affrontement. Son conseil était;Pensez aux mains et aux pieds d'un homme qui, adepte du karate, s'est entraîné, en les considérant comme de véritables sabres. Dans l'ancien Okinawa-te, le corps était utilisé comme une arme. Hito no te ashi wo ken to omoe réfère au principe même du coup frappé, l'atemi. cette méthode de combat utilisait le principe du coup porté avec force et vitesse et précision sur des points particulièrement vulnérables de l'adversaire (points vitaux). Selon le but recherché, l'atemi provoque la douleur, la paralysie, le bris d'os ou d'articulation, l'évanouissement, soit la mise hors de combat momentanée ou définitive.

 

 

16. Danshi mon wo izureba  hyakuman no tekki ari

 

danshi : homme, mâle
mon : porte, barrière
izureba : si [ quelqu'un ] sort 
hyakuman : 1 million
tekki : adversaire, ennemi

 

Règle 16. Passé votre foyer, 1 million d'ennemis attendent. 

Les risques de troubles sont plus importants hors de chez soi, il faut donc redoubler de vigilance. Funakoshi est né sur l'île d'Okinawa; à plusieurs reprises, au cours de leur histoire, les Okinawaiens se trouvèrent confrontés à l' invasion de forces étrangères. L' esprit de vigilance et de résistance devint un seconde nature, d' une population perpétuellement menacée parce qu'elle se trouvait au centre des routes commerciales des Mers de Chine. Chinois, Japonais, Malais, Phillipins, et des pirates soumirent l'île pendant des siècles à des attaques et des occupations permanentes. Un tel destin forge la mentalité d'un peuple, et ce sur plusieurs générations.  Il est rapporté que Funakoshi n'abordait un coin de rue qu'en le contournant largement afin de ne jamais pouvoir être surpris, et qu'il apprenait à ses élèves comment tenir ses baguettes en mangeant ou son bol de riz pour pouvoir faire face instantanément à tout danger.

De son côté, l'histoire du Japon est aussi marquée par d'incessantes guerres locales, et luttes que se livrèrent les princes, Shogun et Daimyo, par l'intermédiaire de leurs samouraï et de leurs troupes personnelles.  Dans le passé, le Japon a connu des tentatives d'invasion, dont deux par les Mongols. Funakoshi a aussi connu la Guerre du Pacifique dont le bilan, pour les Japonais, est de 2 060 000 morts (3 % de la population), dont 186 000 civils japonais qui ont été tué par les forces alliées dirigées par le Général américain Mac Arthur. C'est à cette époque qu'a été détruit par les bombardements des B-29 américains, le premier Dojo Shotokan.

 

 

17. Kamae wa shoshinsha ni ato wa shizentai

 

kamae : maintien, position, structure, aspect
shoshinsha : personne inexpérimentée, novice(s)
ato ; plus tard
shizentai ; position normale

Règle 17. Position formelle pour les débutants, position naturelle pour les avancés.

Un débutant doit apprendre et maîtriser toutes les positions, pour obtenir une position naturelle bien plus tard. Un avancé sera capable instinctivement de se tenir naturellement, de façon détendue. Vous ne devez pas raidir votre corps ; vous devez toujours vous détendre pour être prêt à une quelconque attaque d’une quelconque direction. Quand le vent souffle, le chêne rigide résiste et casse, la brindille flexible se courbe et survit.

 

 

18. Kata wa tadashiku jissen wa betsu mono

 

kata : forme, routine d'exercice de karaté
tadashiku : correctement
jissen : vraie bataille, vrai combat, vraie guerre
betsu mono ; chose séparée, autre chose

Règle 18. La pratique(kata) doit être faite correctement (parfaite), car le combat est autre chose. 

Le caractère utilisé ici pour le kata ici ne signifie pas nécessairement un kata comme Heian Shodan et semblables. Il est habituellement employé pour décrire une forme littérale. On parle ici, de la pratique des techniques de base. Nakayama explique dans ses livres Best Karaté, qu'une personne qui met l'accent sur le combat en négligeant la pratique des techniques essentielles sera vite devancé par celui qui s'est entraîné longtemps et assidûment avec les techniques de base.

Les katas et les exercices de base sont la moelle de l'entraînement du Karate Dô. Anko Itosu disait "Respectez la forme des katas, ne cherchez pas à en travailler l'esthétique. En combat réel, il ne faut pas s'embarrasser ou se laisser entraver par les rituels propres aux katas, le pratiquant doit dépasser le cadre imposé par ces formes et se déplacer librement en fonction des forces et faiblesses de l'adversaire.''

À travers l’apprentissage des techniques et du geste parfait, le karatéka développe son énergie vitale, le Ki, mais se construit un état d’esprit, leShin, fait de maîtrise de soi qui le détourne de la violence à travers laquelle il s’est en quelque sorte formé. La voie de l’art martial authentique se doit d'être une voie éducative, celle de la paix et de la non-violence. Il y a dans tout art du Budō, trois composantes intimement liées dont la proportion varie en fonction de l’âge et du niveau dans la progression du pratiquant : les éléments corporels (Tai), les éléments techniques (Ghi), les éléments mentaux (Shin). La méconnaissance de l’un comme de l’autre de ces principes entraînerait très vite le pratiquant dans une fausse direction avec, comme résultat, la non obtention de l’efficacité réelle, voire de troubles dans son comportement au quotidien.
Les adaptation sportives contemporaines des Budō anciens n’expriment que très faiblement (et pour certains, pas du tout), ce type de préoccupation. Ainsi la pratique systématique de la compétition privilégie parfois trop largement les résultats externes (l’ennemi est au dehors), au détriment de la recherche interne (l’ennemi est en soi), qui devrait être la véritable motivation du Budoka.

 

 

19. Chikara no kyojaku, ka rada no shinshiku waza no kankyu wa wasuruna

 

chikara : puissance

kyojaku : force + faiblesse, force relative

tai ; corps
shinshuku ; expansion et contraction, élastique, flexible
waza ; technique
kankyu ; vitesse relative, lent et rapide
wasaruna : n'oublie pas

Règle 19. N'oubliez pas le contrôle de la dynamique de la puissance, de la flexibilité du corps, et de la vitesse relative des techniques.

En Japonais il y a des termes précis pour les mots contradictoires. L'idée d'expansion et de contraction du corps semble difficile à comprendre,shinshuku se réfère également à la flexibilité de base, qui semble beaucoup plus raisonnable. Un muscle peut s'étirer à sa longueur maximale pour ensuite se contracter, il y a une grande corrélation entre la flexibilité d'un muscle et sa vitesse.  "Soyez flexibles, soyez forts, soyez rapides, et employez chacune de ces qualités convenablement pour un résultat maximum." Lors d'un impact sur une cible,le bras qui frappe doit rester tendu assez longtemps pour permettre le transfert de l'énergie accumulée, mais aussi se détendre assez rapidement pour que toute l'énergie puisse être abandonnée dans la cible.

Lors de l'exécution d'un kata, toutes les techniques ne doivent pas être faites à la même vitesse, la même force, le même rythme d'un bout à l'autre. Avec Bassai Dai, par exemple, on apprend le calme et l'agilité, la puissance et les changements, les techniques lentes et rapides, la dynamique de la puissance, comment tirer parti d'une situation embarrassante et changer de blocage. Avec kanku, on apprend les techniques rapides et lentes, la dynamique de la force, la souplesse du corps, la rotation, le saut et la reprise d'appui au sol.

 

 

20. Tsune ni shinen kufu seyo

 

Tsune ni : tout le temps
shinen : pensée
kufu : le dispositif, adaptation, invention, moyen
seyo : faîtes-le

Règle 20. Perfectionnez-vous sans arrêt. 

Il faut vivre ses règles quotidiennement. L'objectif final de la pratique du karaté ne touche pas à la seule maîtrise technique, mais vise l'unité du corps et de l'esprit en toute occasion. Cet état d'esprit puise sa légitimité à la source de cet art martial: le combat. Pour espérer vaincre, il faut opposer à l'adversaire ses habiletés et aussi l'ensemble de ses ressources mentales : la concentration, la volonté, la calme, l'esprit de décision. L'un sans l'autre ne peut conduire à l'efficacité absolue. La recherche de la perfection et de l'harmonie dépasse le seul stade de l'art du combat pour devenir un moyen d'épanouissement intérieur. Le but n'est plus de vaincre un quelconque adversaire. Il est de se dominer soi-même entièrement, physiquement et mentalement. Le karate-dō, devient un des moyens possibles pour atteindre cet objectif. Savoir faire et savoir être en toutes circonstances. Puis juste au moment ou nous croyons avoir réussi, nous découvrirons que nous devons apprendre davantage. Nous continuons sans cesse d'apprendre et de grandir tout au long de notre vie...

 

 

L'homme de progrès travaille toujours pour se perfectionner. C'est une vertu. La plus haute est d'initier les autres. G.Funakoshi .

 

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